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Auteurs : C. Chauveaud, P. Warin
Grenoble, Odenore, Octobre 2009
Collection : Étude n° 31
Langue : français
Destinataire(s) : Gouvernement – Plan Urbanisme, Construction, Architecture. Programme « La citoyenneté urbaine : formes d’engagement et enjeux de solidarité ».
Méthodes : Observations participantes ; entretiens individuels et collectifs ; recueils de témoignages.
Échelle : Locale.
Résultats principaux : Partis pour étudier l’organisation et le fonctionnement d’associations ou de groupes d’habitants créés pour répondre à l’isolement individuel et au repli communautaire dans un quartier d’habitat social, nous revenons avec la conclusion selon laquelle ces structures peuvent agir comme des fabriques de citoyenneté. Alors que nous les abordions comme des acteurs lancés, après tant d’autres, dans la quête improbable d’un « vivre ensemble », nous découvrons ce qu’elles apportent à leurs participants. Nées tantôt à l’initiative d’institutions locales, tantôt de la mobilisation d’habitants, ces structures ont été créées dans l’intention explicite d’éviter les retranchements individuels ou collectifs de personnes qui se replient sur elles-mêmes ou s’enferment dans des entre soi jugés stériles. Toutes ont pour objectif d’élever les conditions sociales des habitants. Partageant une même analyse du quartier, marquée principalement par la crainte d’une ségrégation urbaine vue comme une privation multidimensionnelle, durable et cumulative de bien-être, ces structures visent toutes à endiguer, voire à réduire, l’individualisme qui conduit à l’évitement, à la défiance sinon au mépris et à la solitude, et qui pousse davantage à la peur et parfois à l’affrontement plutôt qu’à la reconnaissance de l’autre. Sans se substituer au réseau associatif préexistant, intervenant pour le logement, la vie de quartier, la culture, le sport, etc., ni bien entendu aux services sociaux ou aux institutions, ces structures produisent des collectifs, soit des modes d’interactions – situés dans des lieux et des activités – qui facilitent la reconnaissance sociale. Elles aident les personnes à acquérir ou à reconquérir à la fois une confiance en soi, un respect de soi, et une estime de soi. Pour atteindre ce but, elles pratiquent le collectif comme un art du détour : elles cherchent à mettre les personnes dans des interactions qui leur (re)donnent une socialité, c’est-à-dire une capacité à former des liens sociaux. Leur premier apport est donc de rattacher les personnes à des appartenances (gens, lieux, moments) qui les aident à s’identifier. En oeuvrant dans ce sens – et c’est là leur second apport –, elles produisent aussi de la citoyenneté. Certes, elles n’ont aucune prise sur la citoyenneté en tant que cadre normatif (légaliste, politique et social) ; par rapport à la citoyenneté vue comme normativité, elles sont clairement hors jeu. En revanche, elles ne le sont pas, loin s’en faut, dès lors que la pratique de la citoyenneté est dirigée vers la question de l’identitaire. L’individualisme contemporain réduit les capacités de représentation collective qui transcendent l’intérêt individuel ou les représentations identitaires individuelles, si bien que la citoyenneté a besoin d’une image et d’une présence forte de l’individu. En se (ré)inscrivant dans une socialité, les personnes (re)construisent cette image et cette présence. Ce processus joue la fonction correctrice que Jacques Donzelot attribue à la citoyenneté urbaine, qui se caractérise, selon lui, par un objectif d’augmentation de l’égalité des chances pour prendre en compte les défaveurs et enrayer les retranchements dont pâtit une partie de la population en raison de sa marginalisation relative dans le territoire urbain. Dans ces conditions, le « problème » (des retranchements individuels et collectifs), la « solution » (des collectifs) et « l’effet recherché » (des socialités) posent le cadre d’une analyse de ces structures comme « fabriques de citoyenneté » (en terme reconnaissance sociale). Cette réalité échappe aux institutions qui les soutiennent. Cela peut affaiblir leur position face aux associations de quartier construites sur une base communautaire, qui, en poursuivant d’autres logiques, recherchent des accommodements qui ne vont pas nécessairement dans le sens du processus présenté ici
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